Les mots du cœur de Yalla

ELLE

Elle marche, elle va son chemin
Elle n’attend rien de demain.
Elle pleure, déverse son chagrin
Elle souffre, personne n’y peut rien…
Elle pense, à tout et à rien
Elle danse, le blues lui va bien
Elle chante « juste quelqu’un de bien »…
Mais personne ne la voit
Elle protège son vrai Moi…
Et tout le monde croit
Qu’elle est portée par la foi…
Elle rêve qu’un jour il revient
Elle cherche à comprendre son destin…
Quand les larmes deviennent des sanglots
Son cœur est en lambeau…
Elle a mal, elle a froid.
Personne ne la réchauffera…
Elle voudrait juste qu’on lui rende
Son fils adoré, si beau, si tendre…
Personne ne peut lui donner
Cet ultime rêve désespéré…
Elle voudrait se réveiller
Que rien ne soit arrivé…
Elle voudrait effacer
Ce soir du mois de février…
Parfois l’envie lui prend
De partir avec le vent…
De se diluer dans l’espace
Sans laisser de trace…
De s’endormir à jamais,
Ne pas se réveiller…
Pour enfin oublier
Qu’on lui a arraché
La chair de sa chair,
Ses entrailles de mère…
Nul ne peut partager
Sa douleur enracinée…
Si vous la rencontrez ,
N’ayez pas de pitié …
Laissez lui sa dignité…
Elle continue à avancer
En donnant ce qu’elle peut encore donner…
Elle suit son chemin
En aimant comme elle peut encore aimer…
Elle fait ce qu’elle peut
Même si c’est bien peu…
Parfois elle s’effondre
Et sa colère gronde…
Toujours elle se relève
Avant que la vie s’achève…
Elle repart, fanée comme une fleur…
Elle offre sa douceur
Pour oublier sa rancœur…
Pour empêcher que ne meurt
Ce qui lui reste de cœur…

Yalla (2006)

Rien qu’une larme …

Une grosse larme s’est échappée
De ses yeux obstinément fermés.
Le long de sa joue elle a glissé
Dans son cou elle a semblé hésiter
Entre rejoindre son cœur brisé
Ou la quitter pour la libérer…
La larme est devenue sanglot,
A donné naissance au ruisseau,
Si vite devenue rivière,
Partie se noyer dans la mer…
Ses yeux se sont enfin ouverts
Pour laisser s’écouler l’hiver.

Elle a pris le même chemin
Que cette larme rebelle
Echappée de son chagrin
Qui lui semblait éternel.
Dans l’océan de sa larme
Doucement elle s’est glissée
Nue, abandonnée, sans arme,
S’offrant comme une noyée…
Mais l’aube enfin s’est levée
Déchirant l’obscurité
Eclairant sa nudité
Lui apprenant à nager…

Elle a repris sa douce larme
Qui dansait au gré des vagues,
S’est revêtue de ses armes
Avec l’espoir comme bague…
Elle est sortie de l’eau salée,
Puis doucement s’en est allée
Vers un imperceptible été
Qui demain la réchaufferait.
                                                     
Dans sa main, bien serrée,
Sa larme s’est mise à chanter
Le courage d’exister
Malgré des plaies jamais fermées…



Yalla ( 2007)

Des mots qui pleurent nos maux…
Des maux qu’apaisent nos mots…
Maudits soient les maux
Bénis soient les mots…
Maux du cœur
Mots douleur…
Mauvais maux qui font souffrir
Modestes mots pour guérir…
Des mots pour calmer nos maux…
Des maux à changer en mots
Pour alléger le fardeau…
Maudits soient les maux
Bénis soient les mots…
Maux du cœur
Mots douleur…

Mauvais maux qui font souffrir
Modestes mots pour guérir…
Des mots pour calmer nos maux…
Des maux à changer en mots
Pour alléger le fardeau…
Des mots qui exorcisent
Les blessures incisives
Et transforment en simples mots
La tourmente de nos maux…
Les maux honnis des mots…
Les mots amis des maux
Sont un bon usage
Pour que mente l’adage
Peut-être un peu trop sage
Pour s’unir avec ma page…
Si d’argent sont les mots,
Rouge sang sont les maux…
La richesse des mots
Vaut mieux que des maux
Mortels à souhait,
Si, non partagés.
Donner la vie aux mots
Sonne le glas des maux…
Mots et maux j’ai côtoyé.
Je les ai conjugués.
Maux et mots j’ai déversé
Sur ma page de cahier…
Plus légers furent les maux
Par le miracle des mots…

Yalla (2007)

Imagine…
Imagine un monde sans souffrance
Un monde aux couleurs de l’enfance…
Imagine…
Imagine un monde sans indifférence
Un monde , hommage aux différences…
Imagine…
Imagine…
Imagine…
Des mots bleus…
Etre heureux…
Simplement…
Sereinement…

Imagine…
Ne plus attendre
Des jours meilleurs…
Juste apprendre
A être meilleur…
Imagine…Imagine…Imagine…
Oubliée, la voix des canons…
Déposées, les armes rouillées…
Libéré, l’amour sans raison…
Glorifiée, la victoire de la Paix…
Envolée, la haine stérile …
Muselés, les préjugés débiles…

Imagine…Imagine…Imagine…
Disparues, les larmes de sang…
Revenues, les rires et les chants…
Un monde qui tourne enfin rond…
Imagine…
Des hommes fiers d’être bons…
Imagine…
Et fais-le…
Imagine…
Ce serait pas mieux, dis ?
Viens…
On a fini d’imaginer…
Ce rêve, on va le réaliser…
Ensemble…
Maintenant…

Le temps n’attend pas

Il s’écoule sans début ni fin
Sereinement va son chemin
Rien ne le touche ni ne l’atteint
Il sème toujours des lendemains.

Nul ne peut l’acheter
Encore moins le voler
Inutile de rêver
Un jour l’emprisonner.

Dans son sablier grand ouvert
Nos vies défilent dans son air
Qui balaye à chaque hiver
Les feuilles mortes d’hier.

Il ne s’arrête jamais
Sourd aux prières criées
Il est l’éternité
Rien ne peut le changer.

Même au poète qui l’implorait
De « suspendre ton vol » résistait…
Personne n’ose plus lui demander
D’attendre un peu, d’un instant se figer…

Car le temps n’attend pas …
Ne se rattrape pas…
Toujours le temps s’en va…
Non ! le temps n’attend pas…

Alors,VIS...

Yalla (2010)

Comme il est long mon chemin
Mais je le suis car c’est le mien …
Je ne sais où est la fin
Je ne vois plus les lendemains…

Je dois aller jusqu’au bout
Sans savoir vraiment où…
Dans mes rêves les plus fous
Je voyais le monde plus doux…

Naufragée de la vie
Qui m’a souvent meurtrie,
Je ne sais plus pour qui
Je dois me battre ici…

J’ai déposé les armes
Accepté les larmes
Je ne vois plus de charme
A combattre mes drames…

Je voudrais m’échouer
Là sur le bas-côté
Je suis si fatiguée
Par la réalité…

J’ai déjà fait naufrage
Un terrible soir d’orage,
Mon fils dans les nuages
D’une vie le pire outrage…

Epave abandonnée
Par l’enfant que j’aimais
Je pleure d’être restée
Impuissante et brisée…

Qu’il est long mon chemin
Malgré tous ces refrains
Que je chante en vain
Pour aller vers demain…

Il me reste les mots pour alléger
Cette maladie venue me ronger
Alors que je croyais avoir payé
Un lourd tribut à l’humanité…

Ne soyez pas désolés
Si vous me lisez
Je viens juste partager
Ma vie, ma réalité…
Mais d’autres ailleurs
Souffrent et sont en pleurs
Des enfants se meurent
De violence et de peur…

J’aurais tant voulu les sauver
De ce manque d’humanité
Qui a oublié de protéger
Ces anges aux ailes brisés…

Continuez le combat
Pour eux, pour moi…

N’importe qui peut inventer un poème ;
Il suffit de ressentir un sentiment profond,
Que se soit d’amour, de joie ou de peine,
Votre cœur écrira toutes vos émotions.

Laissez-vous aller sans aucune gêne
Dans un immense tourbillon
Et constatez que sans problème
Surgira votre propre inspiration.

Bercée par le chant des sirènes,
Toutes au même diapason,
Se dessinera une chaîne
Avec vos mots comme maillons.

Elle sera votre domaine,
Vous en serez le vigneron,
Vous la nommerez «poème»
En signant de votre nom.

Yalla 1996

Soyez le poète de votre vie.
Osez chaque jour mettre du bleu
dans votre regard,
de l'orange à vos doigts,
des rires dans votre ventre
et surtout, surtout
une tendresse renouvelée
à chacun de vos gestes,
une vivance au présent
dans tous vos élans.

"Jacques Salomé".

A tous mes frères et sœurs de souffrance
Je voudrais offrir l’espérance
D’une accalmie, d’une embellie
Dans ces terribles maladies
Qui nous laissent sans arme
Et nous font verser tant de larmes !

Ces nuits sans sommeil
Où la peur nous tient en éveil
Ces incertitudes du lendemain
Ce désir d’un nouveau matin
Nous les connaissons tous
Mais l’envie de vivre encore nous pousse
A ne pas baisser les bras
A accepter l’inégal combat
Pour vivre encore un peu
Des moments merveilleux
Saisir chaque goutte d’espoir
Pour ne pas s’enfoncer dans le noir…

Courage compagnons de douleur
Puisons au fond de nos cœurs
La force de voler du temps
A la mort qui nous attend…

Qu’elle attende encore
Malgré la maladie qui nous dévore
Tant qu’un souffle de Vie
Anime nos cœurs et nos esprits
Savourons les jours de répit
Car nous sommes encore en Vie…

Yalla ( juin 2009)

AIMER ENCORE LA VIE SUR UNE MUSIQUE DE SANTANA.

Des cheveux sur l’oreiller…

Ce matin, c’est arrivé…
Une poignée douce et dorée
Que la nuit a déposée
Sans bruit sur son oreiller…
Innocemment elle dormait.
De guérison elle rêvait…

Elle avait voulu oublier
Qu’un jour ça arriverait.
A l’insouciante elle jouait
Disant qu’elle avait donné
Plus que sa part de nausées
Pour en être préservée…

Ce matin, c’est arrivé…
Un sursaut de vanité
Lui fait déjà regretter
Ses cheveux couleur du blé
Doré au soleil d’été
Qu’autour d’elle on admirait…

Hier encore elle riait
Avec tous ceux qui l’aimaient,
De la perruque à porter
Qu’avec soin ils choisiraient,
La couleur pas encore fixée,
Elle refusait d’y penser…

Ce matin, c’est arrivé…
Elle se retient de pleurer
Ses forces il lui faut garder
Pour tenter d’accepter
Ces regrettables effets
Destinés à la sauver…

Ses cheveux sur l’oreiller…
Elle en tire une poignée
De sa tête ébouriffée.
Elle a besoin de vérifier
Que ce jour est arrivé
Qu’il lui faudra décider…

Au fond d’elle, elle y pensait
Sans oser se l’avouer…
Des beaux foulards colorés
Demain elle ira chercher
Avant de se résigner
Au rasoir de l’humilité…

Ce matin, c’est arrivé…
Elle change la taie d’oreiller…
Enfin ses larmes peuvent couler…

Yalla (2008)